Cette fois, c'est décidé, je me lance.
Ce sera la course de ma vie. Je vais entamer l'ascencion du Crayon, à Lyon, par l'escalier.
39 étages en courant faut le faire.
Aucun autre participant. Ca m'évitera de vexer quelqu'un en gagnant trop nettement.
Je me suis préparé intensement.
J'ai arrêté de fumer hier, je me suis procuré l'Abécédaire du grimpeur, j'ai lu le dernier Marathon magazine et je me suis renseigné pour savoir quand avait lieu à la course mythique.
Quand j'ai découvert qu'elle n'existait plus depuis des années, je me suis lancé. Il était de mon devoir de renouer avec la tradition !
J'ai préféré ne prévenir personne de cette initiative. Par humilité. Je ne suis pas un homme publique. J'ai horreur des fusillades de flash.
Non.
Il n'y aura que la tour, les marches et moi.
Bon 1170 marches ça fait du monde quand même.
Je commence la course au top départ.
J'avale les marches deux par deux ! Le premier étage ne me résiste pas. Pas plus que le second.
Le suivant tente de me retenir mais je lui fait un pieds de nez.
Les étages suivants sont plus éprouvants, mais comme prévu, je tiens bon.
J'ai envie d'une cigarette... non, ce sera à l'arrivée en haut, comme récompense. Pas avant.
7e étage.
La sueur coule sur mes yeux.
9e étage.
Je commence à me détacher des choses.
10e étage.
Ma vie défile devant mes yeux...
10e étage et demi
Quelle est cette lumière ?
Et voilà ! J'ai réussi ! Je suis en haut, assis à une table du restaurant qui domine tout Lyon, une fourchette dans la main, un verre dans l'autre.
C'est vrai que j'étais mal parti tout à l'heure. J'y étais aller trop fort, comme un springter, alors que je devais mener un train de coureur de fond.
Mais, lorsque j'ai vu la lumière, j'eus soudain comme des ailes aux pieds. J'avalais les étages en une poignée de secondes, tel un Mercure aux pieds ailés !
Ah, y'a pas à dire, l'ascenceur est une belle invention.
Je l'ai bien méritée, mon escalope milanaise !
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